Introduction
Dans le film de Dennis Gansel La Vague (2008), une classe de lycéens expérimente la construction d’un régime autocratique (une dictature). S’ils pensaient au départ qu’un tel mouvement ne pourrait plus naître après la sombre période nazie en Allemagne, les phénomènes de groupe qui se mettent en place dépassent les valeurs et réalités de chacun. « La Vague » se forme, emporte tout sur son passage et connaît une fin malheureusement dramatique. Le groupe emprisonne ses participants dans un mouvement totalitaire, excluant, violentant puis tuant ceux qui n’y collaboreraient pas ou pire l’attaqueraient. Tous les ingrédients sont présents pour créer cette tragédie : des adolescents en difficulté que ce soit sur le plan familial, relationnel (Tim et Marco) ou scolaire (Sinan, Bomber et Kévin) et un enseignant captivant, Rainer, d’autant plus séduisant qu’il se tient très peu à distance (physique et psychique) de ses élèves ; la conviction qui se forme très rapidement qu’en faisant groupe ainsi, la classe réussit des exploits (sportifs) là où les échecs étaient fréquents. Les élèves qui critiquent l’expérience (Karo et Mona) sont immédiatement prises pour cible et violentés ; elles deviennent boucs émissaires du groupe, rejetées au-dehors, empêchant par-là que l’ambivalence ne survienne.
Qu’est-ce qui pousse des adolescents à s’enfermer dans un tel régime ? L’expérience ici romancée a bien été réelle (l’expérience a été menée aux États-Unis en 1967 par Ron Jones) et n’est que la reproduction de ce qui a pu se passer dans l’embrigadement des adolescents et jeunes adultes dans les régimes totalitaires entre autres du xxe siècle. Nous sommes alors loin de la figure communément partagée de l’adolescent rebelle, attaquant le cadre, l’ordre, la loi, celle par exemple du film de Cédric Klapish Le péril jeune. Dans La Vague, les adolescents…