Il est devenu usuel de distinguer la psychanalyse proprement dite, la « cure type » - avec son dispositif divan fauteuil - des « psychothérapies psycha- nalytiques » dans lesquelles le psychanalyste est sans divan. La première connote l’idée d’une pureté, tandis que la psychothérapie reste marquée par l’idée d’un alliage de l’or pur avec un vil métal - suggestion, réassurances, soutien, voire excès de séduction de la part du thérapeute. Cette distinction, très répandue, n’est pas simplement une manière de parler, dans la mesure où elle détermine à la fois la formation des analystes, leur vie institutionnelle ainsi que leurs recherches.
Sur le plan de la formation, la plupart des écoles analytiques « sérieuses » demandent à leurs élèves de valider des cures supervisées d’analyse de divan. S’ils savent travailler avec des patients considérés comme de « bons cas de contrôle », ensuite ils sont censés se débrouiller avec les autres analysants. La cure type serait une sorte de « mètre étalon » et si vous vous en éloignez avec des patients difficiles, et bien, même à plusieurs kilomètres, vous aurez toujours ce repère.
Ça donne parfois des choses assez cocasses. J’ai ainsi entendu une analyste fort connue expliquer, qu’en principe elle ne jouait pas avec les enfants mais les laissait jouer. Cette dame ajoutait qu’il pouvait être parfois difficile de ne pas jouer avec ses jeunes patients. Dans ce cas sa solution était de participer au jeu, mais uniquement en parlant et en ne bougeant pas son corps ! Certains ont d’ailleurs proposé quelque chose de similaire pour le psychodrame. Voilà un exemple, parmi bien d’autres, de référence excessive au modèle de la cure-type. Ne faut-il pas envisager un modèle alternatif, celui d’une psychanalyse qui serait considérée comme multiple, sans hiérarchisation de ses pratiques ?
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