En partant de sa Conférence d’introduction à la psychanalyse pour la Société psychanalytique de Paris, Bernard Chervet , interviewée par Thomas Bergmann, présente les fonctions, destins et malentendus de l’excitation.
Thomas Bergmann : Avant de nous intéresser à l’excitation au sein des théories et du corpus psychanalytique pouvez-vous nous dire ce que nous enseigne le terme d’excitation dans son usage commun ?
Bernard Chervet : Le mot excitation désigne deux choses complémentaires, l’action d’exciter et le résultat de cette action. Ce terme décrit un éprouvé sans présager de son origine, physique ou psychique, provoqué de l’extérieur par des stimuli sensoriels, ou de l’intérieur par des stimuli endogènes somatiques ou psychiques. Ce terme est employé dans la relation parents-enfants, souvent avec une valence péjorative ; d’où une réminiscence de messages concernant le fait de s’exciter, véritable appel à la mentalisation corrélé au complexe de castration et au calme.
Cet appel du parent à la mentalisation de l’enfant n’illustre-t-il pas la fonction pare-excitation et son rôle dans le développement psychique ?
La notion de pare-excitation désigne souvent une protection de l’organisme contre des stimuli provenant du monde extérieur. La fonction pare-excitante de l’entourage est essentielle pour que le système pare-excitation interne fonctionne. La défaillance de ce système peut conduire à une intensification puis à une abrasion de l’excitation pouvant aboutir à diverses manifestations somatiques. Ce système interne est étroitement lié aux fonctionnements mentaux des parents qui participent au contre-investissement des tendances pulsionnelles extinctives et protègent l’enfant contre les perceptions traumatiques.
En séance, la fonction pare-excitante est remplie par la stabilité du protocole et par les processus de pensée du couple analysant-analyste. Le modèle…
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