À l’occasion de la parution du nouvel ouvrage de René Roussillon Le Narcissisme : vers une évolution de la théorie psychanalytique (Érès), la rédaction du Carnet Psy propose à ses lecteurs un extrait du livre portant sur la fonction de l’objet dans la régulation narcissique. Dans ce passage, l’auteur approfondit ce qu’il nomme le « saut winnicottien » – généralement consacré par la célèbre formule du psychanalyste britannique : « Un bébé, ça n’existe pas ». C’est toute la métapsychologie du narcissisme primaire qui s’en trouve réévaluée. Propos présentés par Jérémy Tancray
(...) Freud a une pensée évolutive, ce n’est pas un homme qui crée un modèle et s’y tient nécessairement dans tous ses aspects, il le remet en question, partiellement ou sur des aspects plus fondamentaux – en particulier sous la pression de la clinique. Dans mon parcours du processus de sa pensée j’ai évoqué une série de problématiques cliniques du côté des paradoxes du narcissisme et de leur lien avec les paradoxes présents dans les tableaux cliniques de certaines formes de psychopathologie : les exceptions, ceux qui échouent devant le succès, le criminel par sentiment de culpabilité. J’ai essayé de montrer que tous ces paradoxes interrogent les modèles premiers auxquels Freud s’était abonné, puis j’ai exploré le travail de déconstruction qu’ils imposaient et de ce qu’il y avait de « narcissique » dans la théorie du narcissisme. De manière beaucoup plus sophistiquée, je dirais qu’il s’agissait de déconstruire tout ce qu’il y avait de solipsiste dans la théorie du narcissisme, donc de déconstruire comment tous les modèles en question supposaient un sujet isolé, mettaient entre parenthèses le contexte historique ou l’environnement, le rôle de l’objet. C’est ce dont il va s’agir de sortir.
Cela commence à basculer dans son œuvre en 1921, quand…
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