A céder sur les mots, on finit par céder sur les idées ... A céder sur les modèles, on finit par céder sur les pratiques. Une fois ceci posé, ces quelques lignes n’ont, bien entendu, aucune ambition moralisatrice. Elles voudraient seulement inciter à une réflexion qui va bien au-delà du seul problème de l’hyperactivité de l’enfant, et qui concerne en fait la demande qu’une société donnée adresse à la pédopsychiatrie, ainsi que l’impact qu’ont, sur les pratiques, les modèles qu’on se donne de la psychopathologie. Mais bien entendu, mon titre est également un peu provocateur car, parfois, on peut avoir le sentiment que plus une société est agitée, et moins elle tolère l’hyperactivité de ses enfants !
Les limites de la nosographie dans le champ de la pathologie mentale
Les troubles mentaux en général, et en particulier ceux de l’enfant et de l’adolescent, ne sont pas, d’un point de vue terminologique, des maladies comme les autres, c’est-à-dire des maladies comparables aux maladies somatiques. Les pathologies psychiatriques, en effet, ne sont généralement identifiables par aucun marqueur biologique spécifique et leur reconnaissance, leur identification et leur repérage par rapport à la normalité ou par rapport aux autres troubles, ne peut se fonder que sur l’instauration d’un consensus clinique entre les différents spécialistes du champ concerné. Ce type de consensus, qui n’est donc en rien de l’ordre d’une “mesure”, donne alors lieu à des classifications nosographiques qui dépendent d’un contexte donné (scientifique, social, culturel ...) et qui, comme telles, sont fondamentalement évolutives, ce dont témoignent les révisions régulières de ces classifications (bientôt le DSM V et bientôt la CIM 11 ...)
Ce premier point pour dire qu’en matière d’hyperactivité de l’enfant, les choses…