La citation donnée pour le programme « Fais ce que voudras » est issue du Pantagruel de Rabelais (1534) dont la relecture récente m’a enchanté. Avec ce texte de Rabelais, on est véritablement immergé dans l’utopie du bon vouloir qui règne en maître selon les préceptes transgressifs de Gargantua pour les Thélémites, les habitants de l’abbaye de Thélème. Rabelais écrit :
« Toute leur vie était régie non par des lois, des statuts ou des règles, (des interdits) mais selon leur volonté et leur libre arbitre ». Ils sortaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les obligeait à boire ni à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua et toute leur règle tenait en cette clause « FAIS CE QUE VOUDRAS ».
La règle du lieu est ainsi symétriquement à l’inverse, c’est l’antithèse de ce que connaissent les abbayes de l’époque, dont les moines sont soumis à une stricte obéissance, à une discipline acétique, à une hiérarchie puissante et à de nombreux interdits dictés par la règle de pauvreté, chasteté et obéissance.
Mais ne nous méprenons pas, des exégètes affutés de Rabelais voient dans cette opposition caricaturale aux règles monacales et à l’ordre religieux, social en vigueur à l’époque non pas seulement une critique par la dérision du retournement en son contraire - mais aussi et beaucoup plus sérieusement - un chiasme1. Le chiasme, cher à Frère Jean à qui Gargantua a donné l’abbaye de Thélème en reconnaissance de service rendu sur le champ de bataille, consiste à véritablement opérer un nouage mental de points de vue opposés (l’ordre monacal contraignant…
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