« Nous ne croyons pas […] que la forme de civilisation d’une époque soit sans effet sur la pathologie mentale du temps », écrivait Francis Pasche (1969, p. 199). Ce propos nous paraît prendre, de nos jours, une ampleur et une pertinence jamais atteinte jusqu’alors.
Les mutations contemporaines de l’expression des configurations cliniques ont rarement acquis un tel impact. Celui-ci pourrait présager une nécessaire modification de nos conceptualisations scientifiques ainsi que de nos dispositifs pratiques. D’aucuns postulent, en regard de ces mutations, la refonte des fonts baptismaux de l’épistémologie freudienne. Toutes nos certitudes métapsychologiques devraient vaciller et être repensées face à l’émergence symptomatique de nouvelles modalités d’expressions cliniques. De la binarité anatomique de la différence des sexes et de ses quelques conséquences (Freud. 1925), jusqu’à la pertinence du maintien de l’attracteur œdipien, tout semblerait, aux yeux de certains, devoir être remis sur le métier. Face à la mutation radicale de l’expression phénoménologique de certaines émergences cliniques, nous serions contraints d’induire avec elle, immanquablement, une mutation tout aussi foncière des assises théoriques de l’édifice freudien. Nous nous proposons ici d’investir une autre voie, celle d’interroger les mutations de l’expression clinique, parfois énigmatiques, tout en faisant le pari que la sorcière métapsychologique recèle, en son sein, les ressources théoriques nécessaires pour y donner sens.
Énigme individuelle et sociale
En assentiment avec le propos de Pasche, mais plus encore avec celui de Freud, nous abondons avec lui que « l’opposition entre la psychologie individuelle et la psychologie sociale, ou psychologie des foules, qui peut bien à première vue nous paraître très importante, perd beaucoup de son acuité si on l’examine à fond » (Freud, 1921, p. 123). C’est en regard de l’émergence présente de conduites qui poussent, tant…
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy
