Renoncer à qui ?
À quels renoncements les parents d’un enfant sont-ils donc convoqués lors de la survenue de son adolescence ? L’enjeu est de lâcher un enfant. Mais de quel enfant s’agit-il ?
Cet enfant à lâcher n’est pas uniquement celui qui amène les parents à consulter. Dans le service de psychiatrie infanto-juvénile de l’Institut Mutualiste Montsouris, dans le cadre d’une consultation dite de « guidance parentale », la proposition qui est faite aux parents est d’être reçus sans leur adolescent. C’est-à-dire sans l’adolescent de la réalité. Pour laisser la place à d’autres « enfants » pour qu’ils puissent être considérés et lâchés à leur tour : ceux de la réalité psychique des parents qui occupent, voire mettent à mal, la scène du lien parents-enfants de la même manière que peut le faire l’enfant adolescent de la réalité pour lequel viennent consulter les parents. Guider des adultes dans leur exercice parental au moment de l’adolescence de leur enfant convoque donc plusieurs enfants auxquels il faut donner la parole sur la scène de la consultation afin de soutenir le processus de séparation et d’individuation auquel engage l’adolescence. Dans le discours des parents qui « racontent » leur enfant, l’enfant dans la réalité, celui qui est devenu adolescent, se présente simultanément avec l’enfant dans le parent : celui de l’infantile parental qui s’impose et auquel doit être donnée à nouveau la parole. Plus cet enfant de l’infantile parental apparaît, plus la scène pubertaire du lien à l’adolescent s’amplifie de nouveaux protagonistes qui en soutiennent la lisibilité. Tout comme ils soutiennent la négociation plus aisée de la place de chacun sur cette scène de… lâchage.
Les séances régulières de cette consultation de guidance s’appuient d’abord sur une forme de pédagogie psychanalytique : une…
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