Daniel Oppenheim, dans son ouvrage Des adolescences au cœur de la Shoah, propose un regard psychanalytique sur l’expérience des déportés, à un moment crucial de la constitution psychique, celui de l’adolescence. Il pose alors la question des effets ultérieurs sur les choix de vie d’une telle expérience, et des possibilités pour s’en déprendre.
Il nous livre ses réflexions autour de neuf auteurs, enfants ou adolescents des ghettos et des camps nazis, constitutives de quatre chapitres, à travers lesquels le lecteur navigue entre récits littéraires et analyses : du « retour vers et dans le passé », avec Kertész et Kulka, en passant par « les ghettos et les camps » avec Becker, Orlev et Hilsenrath, « l’adolescence dans la Shoah » avec Klüger et Tomkiewicz, jusqu’à « se réapproprier son destin et son histoire » avec Appelfeld et Kertész. Enfin, une annexe nous transmet des témoignages d’enfants ayant vécu la Shoah, s’appuyant sur un livre de C. Coquio et A. Kalisky, livrant ici des récits d’une réalité des camps poignante qui fait contre-pied avec la tentative de transformation créative des auteurs précédents.
D. Oppenheim rend compte de manière heuristique de la liaison créative entre l’auteur, son écrit et le travail psychique inhérent à l’écriture suite à un événement traumatique. L’écriture est à entendre comme un véritable travail, travail de mémoire, de transmission, de catharsis mais aussi travail de transformation de l’écrivain et du monde qui l’entoure.
L’enjeu de cet ouvrage n’est pas de psychopathologiser ces récits et témoignages, mais véritablement de saisir comment un sujet ayant vécu l’impensable peut se construire, se re-construire suite à cela, et ainsi « mieux comprendre auprès d’eux l’expérience des déportés ». D. Oppenheim plonge le lecteur dans la complexité des enjeux psychiques de ces écrivains, en mettant en…