À l’heure des « crises migratoires », à l’heure des réactions immédiates et des théories à l’emporte-pièce concernant les exilés, des théories imprégnées de l’actuel des traumas de notre monde et des projections les plus diverses, le livre Des psychanalystes racontent l’exil, fait du bien. Tout en recul et en profondeur, il est composé de récits tardifs, mûris, élaborés, mais jamais tout à fait « digérés », ce qui donne aux différentes contributions une dimension clinique authentique et intéressante.
À l’heure où le thème de la migration est devenu un grand fourre-tout où presque tout peut être dit, dans ce livre au contraire, tout est nuances, réflexions, éprouvés. S’il est utile, dans la clinique de l’exil, de s’appuyer sur des données générales, voire statistiques, pour répondre à des besoins de plus en plus criants, il est précieux aussi, pour toucher à l’épaisseur d’un vécu, d’avoir le récit plus personnel d’un exilé. De partager avec lui, le temps de quelques pages, l’éprouvé singulier de « son » exil et de « ses » épreuves.
S’agissant de psychanalystes chevronnés, ceux-ci articulent subtilement leurs expériences singulières avec des concepts théoriques, ce qui donne au livre tout son intérêt théorico-clinique. Plus encore, leurs récits donnent à voir, au travers l’expérience de l’exil, les intrications multiples et complexes entre les événements de la grande Histoire et la vie d’un individu/d’une famille, de même que les résonances entre les mouvements collectifs culturels et le psychisme singulier du sujet.
C’est là que réside toute l’originalité de ce livre : les auteurs rapportent avec authenticité et de manière approfondie leurs propres expériences, tout en portant un regard clinique, théorique et transculturel sur leurs éprouvés.
Les auteurs ont quitté leur mère-patrie,…