A un moment où certains hommes politiques de droite, éclairés par les résultats électoraux inattendus, lancent des anathèmes sur les « pédagogues prétentieux » qu’il s’agit « d’éliminer », il est plus qu’urgent de mettre en valeur leurs travaux réels, et de ne pas se laisser aller à la vindicte populaire qui les désigne comme boucs émissaires des difficultés traversées par l’école de la République. Philippe Meirieu fait partie de ces personnes, accusées injustement, alors que l’ensemble de son œuvre est une de celles dont la France peut s’enorgueillir.
Son dernier livre, Eduquer après les attentats, en est une fois de plus un témoin vivant et ouvrant de nombreuses pistes de réflexions. Prenant acte des menées des terroristes sur le sol français, il redit avec force que « prendre soin de la vie et de l’humain avec une infinie tendresse et une obstination sans faille, est, aujourd’hui, la condition de toute espérance. Le désespoir des éducateurs serait la victoire des terroristes ». Il rappelle le dur chemin de l’effroi à l’éducation pour tenir debout face à l’effroyable surprise, d’autant que l’éducation doit aujourd’hui faire face à l’attraction que ce passage à l’acte exerce sur une partie de nos enfants et adolescents.
L’éducation à la démocratie devient dès lors un enjeu prioritaire de nos enseignants : « comment lire la réalité complexe des situations et les contradictions qui traversent chacune et chacun d’entre nous ? ». Pour ce faire, il reprend à Martha Nussbaum les trois axes qui doivent structurer nos systèmes éducatifs : la pratique du débat argumenté, le travail sur les interactions au sein des disciplines entre elles et, enfin, la rencontre avec les arts. C’est à partir de ce triptyque que « les pratiques…