« Notre monde contemporain nous met au défi de pouvoir penser des situations extrêmes, qu’elles soient environnementales, sociales, économiques ou encore psychiques » (p. 7). Ainsi s’ouvre le livre de Denis Mellier et Perig Pitrou, Fragilité des vies humaines. Un dialogue entre anthropologie et psychanalyse. Ce défi, disons-le d’emblée, l’anthropologue Perig Pitrou et le psychanalyste Denis Mellier l’ont relevé avec une grande intelligence et une grande subtilité. En renouant le dialogue entre leurs deux disciplines autour du concept de vie, ils ont rendu possible une approche interdisciplinaire, chacun s’appropriant les concepts de l’autre pour appréhender l’hypercomplexité de notre présent. Dominique Mazéas raconte en introduction la genèse et le projet de ce livre à deux voix : pour penser notre temps bouleversé, il fallait que la psychanalyse et l’anthropologie se parlent ou plutôt se reparlent car elles « sont d’anciennes connaissances qui ont par le passé cheminé sur des routes parfois proches avant que les échos entre elles occupent un peu moins le devant de la scène » (p. 7). L’inventive collection « Expériences psychanalytiques » d’Ithaque a « ravivé cette alliance » (p. 7) en créant les conditions de possibilité de ce dialogue pour fabriquer ce « viatique avec lequel les lecteurs et les lectrices pourront nourrir leur réflexion » (p. 9). Un viatique, c’est l’Eucharistie, le corps du Christ qu’on donne au mourant pour accompagner son voyage dans l’au-delà. Et en effet, ce livre est un viatique nous permettant de penser notre situation anthropologique contemporaine en nous saisissant de « la fragilité des vies humaines » comme une opportunité pour redessiner l’ensemble de nos relations, entre humains, et avec le non-humain.
Le dialogue de Denis Mellier et Perig Pitrou, est riche, foisonnant, surprenant. Certes, les disciplines sont connexes, mais ce n’est pas si souvent qu’un psychanalyste dialogue « pour de vrai » avec un anthropologue. Les points de…
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