« C’est de la provocation ! » Il semble que la ritournelle médiatique ait provoqué Évelyne Larguèche. Pourquoi tout le temps cette expression ? Que raconte-t-elle ? Que cherche-t-elle à arrêter, à condamner ? Mais ce sont surtout ses précédents travaux sur l’injure qui l’ont engagée. Larguèche est sociologue et chercheuse, elle entreprend ici une profonde et solide fouille pour saisir le processus complexe de la provocation. L’injure serait certainement une réponse à une provocation. Si le livre est mince, il n’en est pas moins dense : comme l’objet qu'e Larguèche se propose de cerner. D’ailleurs, à la lecture, on voit combien la provocation ne se laisse pas aisément délimiter : elle est rebelle et proteste. On pense en comprendre quelque chose pour aussitôt s’apercevoir que ce n’est finalement pas aussi simple.
La provocation se révèle donc tentaculaire à bien des égards : elle est partout, jusqu’à se confondre avec le vivant, une des étymologies de la provocation est d’ailleurs l’appel. Cet appel a une part d’énigmatique : D’où ça part ? D’où vient l’appel ? C’est le paradoxe de l’œuf et de la poule – ou presque. Et comme tout paradoxe : la pensée est mise au travail, le paradoxe fonctionnant comme un combustible (Étienne Klein). L’autrice soutient combien la provocation est elliptique et qu’une solide appréciation du contexte est nécessaire sans quoi on passe à côté de la compréhension du phénomène, aussi s’appuie-t-elle sur de nombreuses illustrations de la scène sociale actuelle, pas seulement d’ailleurs, ce qui fournit un compagnonnage précieux. La lecture de cet essai nous entraîne, très vite, à en trouver d’autres, à notre tour, ou plutôt ils s’imposent à nous, et en de multiples contextes : des séances avec nos patientes et patients, bien sûr, mais dans toute fréquentation culturelle (cinéma, chanson, recherche, podcasts). Nous voilà pris au piège…
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