Le livre d’entretiens de Mickaël Benyamin et Marilia Aisenstein met en lumière, dans un langage accessible, un parcours exceptionnel au sein du mouvement psychanalytique durant les quarante dernières années. Benyamin affirme à juste titre que Aisenstein est « une mémoire vivante de la psychanalyse, et de la psychosomatique ». Elle est l’une des rares psychanalystes à pratiquer « l’immersion » dans d’autres écoles psychanalytiques (p. 40). Aisenstein est non seulement membre de la Société psychanalytique de Paris (SPP), mais aussi de la Société hellénique et de la Société britannique. Bien que croyant bien connaître cette époque, j’ai découvert dans L’Art de la conversation des faits que je ne connaissais pas comme si j’avais fait partie d’une société secrète sans le savoir ! La circulation de l’information reste problématique et complexe dans les sociétés d’analyse.
Ces conversations passionnantes plongent le lecteur dans un parcours psychanalytique qui commence par les années fastes 1970-80 jusqu’à la période actuelle de déclin apparent de la psychanalyse. Avec son franc-parler, loin de toute pensée conformiste, Aisenstein nous offre généreusement sa connaissance de questions cliniques, théoriques et institutionnelles, ceci depuis ses années de formation jusqu’à son élection à la présidence de la SPP et ses actions décisives au sein de l’API (Association psychanalytique internationale). Auprès de Daniel Widlöcher, alors président de l’API, Aisenstein contribua à faire reconnaître « les trois modèles de formation » avec la spécificité du modèle français à trois séances chez l’analyste de son choix. Ce ne fut pas une mince affaire car il s’agissait de remettre en question le sacro-saint et rigide modèle Eitingon.
En tant que présidente de la SPP, avec Hélène Troisier et Catherine Couvreur, Aisenstein a donné l’impulsion permettant la création de la Bibliothèque Sigmund Freud et obtenu pour notre société la reconnaissance…
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy
