Le défi des états-limites

Le défi des états limites

Bérangère de Senarclens

Editions Campagne première

Bloc-notes

Le défi des états-limites

Ce n’est pas le moindre défi des états limites que d’engager Bérangère de Senarclens à une exploration créative et nouvelle de ce concept proposé par André Green, auxquels nombre d’écrits psychanalytiques contemporains ont été consacrés. Mais cette psychanalyste genevoise, membre formateur de la Société suisse de psychanalyse, réussit à tramer avec une grande clarté les apports parfois contradictoires des théoriciens contemporains sur ces pathologies narcis-siques identitaires, terme emprunté à René Roussillon qui a rédigé la préface, tout en ouvrant de nombreuses pistes originales, à partir d’un engagement analytique personnel aussi remarquable que profondément éthique. L’auteure nous invite en effet à la suivre dans sa pratique clinique avec des patients qui ont pu être réputés « aux limites de l’analysable » et elle n’hésite pas à se montrer au travail dans des situations très difficiles qui mettent l’analyste à l’épreuve de vécus contre-transférentiels parfois insupportables ou douloureux : cette clinique l’invite à introduire des voies originales dans la technique analytique, avec la nécessité d’aménagements du cadre ainsi que des modalités d’intervention de l’analyste.

L’introduction de l’ouvrage met d’emblée l’accent sur le remodelage nécessaire de la théorisation psychanalytique, introduit par Freud lui-même, confronté aux limitations de la cure classique, à la découverte de la compulsion de répétition, du clivage, du rôle essentiel joué par les expériences précoces avec l’objet, de la destruction du moi par les défenses… Bérangère de Senarclens relève que Freud « décrit en quelque sorte les patients limites avant la lettre » (p. 22) et qu’il apparaît dans la seconde topique comme le précurseur d’une indispensable évolution de la métapsychologie et de la pratique analytique pour pouvoir traiter de tels patients. L’auteure note une évolution fondamentale de Freud dans le tournant des années 1920 où l’inconscient n’est plus un substantif, c’est-à-dire une instance particulière, mais devient…

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