La collection Connaissance de l’Inconscient chez Gallimard, fondée par J.-B. Pontalis et actuellement dirigée par Michel Gribinski accueille sa dernière parution : Le non-moi. Entre stupeur et symptôme de Laurent Danon-Boileau. En feuilletant les ouvrages édités depuis les débuts de la collection dont le premier est consacré à une Correspondance de Freud, on découvre un aperçu des différentes modes pour rendre compte des développements de la psychanalyse : en effet, le lecteur chemine entre des correspon-dances, des écrits théoriques originaux d’auteurs français ou étrangers de différentes écoles analytiques ainsi que des auteurs venant d’autres horizons intellectuels. L’ouvrage de Laurent Danon-Boileau s’inscrit tout naturellement dans cette filiation tout en faisant un léger pas de côté en explorant une voie d’écriture singulière : c’est d’elle dont je vais tenter de parler car elle est un aspect original de l’ouvrage.
Mais tout d’abord un mot sur l’auteur connu pour avoir déjà publié divers écrits qui côtoient la fiction et les singularités du langage et de ses troubles comme également des traits de la psychanalyse contemporaine : il possède donc plusieurs cordes à son arc comme linguiste, univer-sitaire, spécialiste du langage chez l’enfant et psychanalyste membre titulaire formateur de la Société psychanalytique de Paris. Dans ce nouvel opus, sont rassemblés en une savante et éclairante présentation ces influences variées qui délimitent ainsi un vaste champ de réflexions. Les frontières entre chaque texte demeurent cependant poreuses et se franchissent avec aisance, incitant le lecteur à quitter un formalisme étroit et prendre le risque de lire l’ouvrage dans le désordre : le titre d’ailleurs invite à vagabonder dans des terrains énigmatiques du fonctionnement de la psyché ; chaque lecteur a loisir de décider de la progression qu’il souhaite adopter pour cheminer entre la cinquantaine de textes, ou fragments, qui…