Après Maintenant, il faut se quitter, Catherine Chabert nous propose un livre passionnant sur l’attente, ses formes et ses effets psychiques, reconnaissables à leurs traces conscientes et inconscientes révélées par l’analyse. Avec Les belles espérances, elle prolonge ses travaux sur les séparations et la perte d’objets, objets premiers ou objets de l’histoire. Elle élargit son champ de recherches en donnant une place particulière aux illusions, aux déceptions, et aux oscillations entre les affects d’espoir et de désespoir qui rythment la temporalité de l’attente.
C’est Dickens qui inspire son titre, avec la substitution de « belles » à « grandes » ce qui indique d’emblée la place positive et vitale réservée à l’illusion et au rêve, et à leur nécessaire mise en jeu pour soutenir les ambitions et les désirs face aux réalités de la vie. On y reconnaît l’empreinte winicottienne, mais C. Chabert y apporte une dimension personnelle, car il s’agit pour elle des illusions qui permettent que l’attente soit féconde et transformatrice, de celles qui sont alimentées par les pulsions de vie et maintiennent l’excitation nécessaire à la mobilité psychique et à la créativité, et non des fantasmes grandioses, omnipotents ou maniaques qui enferment le sujet dans des figurations archaïques aliénantes. Mais la référence à Dickens condense bien d’autres significations. Car l’espérance mise au pluriel, les espérances, éloignent du religieux, de la pensée magique, ou de l’illusion utopique, et donnent accès à toutes les singularités des histoires psychiques en attente de réalisation de souhaits.
Le sous-titre, Le transfert et l’attente, nous transporte directement au cœur de la cure, où C. Chabert souligne comment l’attente indissociable du transfert, l’est aussi du contre-transfert. Pour elle, dans toutes les cures, y compris dans les cures de névrosés, c’est le…