On se réjouit de la parution d’un ouvrage dont le titre fait clairement référence à la notion de psychose infantile, disparue des Manuels de classification internationaux depuis les années 80. Jérôme Boutinaud fait des troubles psychotiques chez l’enfant les « victimes collatérales » des grandes batailles autour de l’autisme, qui ont pris le devant de la scène pédopsychiatrique. Son analyse montre que ce contre quoi protège l’évitement de la reconnaissance de la psychose de l’enfant, c’est de l’angoisse, voire de l’effroi suscités par la confrontation à la figure de l’enfant fou. L’auteur montre bien que la psychose n’est pas qu’une désintégration de la personnalité, mais qu’il s’agit d’une « organi-sation guerrière » dont on redoute les effets. Pourtant cette violence est à la hauteur de la souffrance de ces enfants, qu’on a souvent bien du mal à se représenter.
En faisant un retour historique sur les classifications nosogra-phiques, Jérôme Boutinaud va donc montrer comment l’autisme a pris une place prépondérante, au préjudice de la psychose. Notamment parce que la psychose est assimilée à la schizophrénie et à la figure de l’enfant fou, tandis que l’autisme est pensé essentiellement dans ces classifications en termes de trouble du développement et non de la personnalité. Les troubles psychotiques ne trouveraient alors une place que dans les TED non spécifiés, les renvoyant à une forme d’indétermination ; tandis que la référence exclusive aux Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) dans le DSM-V a définitivement effacé les sous-catégories de Troubles Envahis-sants du Développement (TED). De cette manière la psychose deviendrait une forme d’autisme, perdant sa spécificité. Or Jérôme Boutinaud insiste sur la nécessité de distinguer les deux tant ils renvoient à des modes de fonctionnement psychique différents et spécifiques. Les troubles psychotiques trouvent ainsi une représentativité…