Libre Cours. À l’épreuve de l’oisiveté charme et, de plus, étonne. C'est la découverte d’une jeune femme, Marion Milner alors âgée de 37 ans, qui nous entraîne au long des lignes dans un parcours où se mêlent vivacité, spontanéité et candeur. Les méandres de son inventivité, suivis avec une grande sensibilité, enchantent le lecteur.
Le mouvement général de l’ouvrage suggère des formes originales de pensée qui convoquent des thèmes les plus inattendus et ce, sur un ton qui s’apparente à celui du vagabondage. Aussi est-ce là un trait spécifique d’une écriture surprenante, peut-être typique d’un art anglo-saxon de la nouvelle tournée résolument vers la nature : notre déambulation bucolique nous entraîne dans le bocage anglais ou la forêt de Wichwood dans les Cotswolds, poussés par quelque vent venu d’un océan toujours proche. En tout cas la géographie est très présente, développant la notion d’espace, notion qui devient vite un des thèmes de cet ouvrage, déclinée entre la terre et le psychisme. Nous soulignons ainsi la correspondance établie entre le paysage et l’espace psychique que Milner va développer tout au long des lignes : « La difficulté qu’on éprouve à communiquer les impressions laissées par les gens ou les paysages remarquables entrevus lors de voyages m’a souvent rendue perplexe » (p. 33).
Alternant nouvelles, mais également nombreux récits de rêves et fragments issus d’un journal intime, nous découvrons l’esprit curieux de l’auteure qui l’anime et la pousse vers l’exploration de terres inconnues, étranges, forcément inquiétantes. Cette quête mène irrésistiblement vers l’enfance. En ce sens, sans les nommer, Milner suit les intérêts de Proust, comme ceux de Freud, pour les rêves qui conduisent vers cette époque reculée. Elle nous fait voir un monde léger comme le fut son intérêt pour les oiseaux…
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