« L’inconscient est politiquement incorrect. Le moins que l’on puisse attendre du psychanalyste, en tout cas dans l’exercice de son art, est qu’il se montre à la hauteur de cette folie privée ». A l’heure où il est de bon ton et très en vogue de vanter les mérites de la psychologie positive, de la méditation, de prodiguer conseils et recettes pour rester zen et de bonne humeur, déconnecté des tourments de la vie, sinon capable de les dompter, et prompt à célébrer le bien-être permanent, Jacques André, membre et ancien président de l’Association Psychanalytique de France, nous propose un sacré pas de côté avec son dernier opus, dans la lignée deL’imprévu en séance (2013) et de Psychanalyse, vie quotidienne (2015).
L’inconscient est politiquement incorrect est nourri tout à la fois d’un net souci de la transmission, d’une écoute aiguisée et remarquablement habile, et du talent pour le partager. A son habitude, avec la liberté de pensée et de ton qu’on lui connaît, Jacques André témoigne de son expérience d’analyste, à l’évidence désireux de rendre justice, sans tergiverser, au fait de la violence de la chose psychique, à la complexité de la vie psychique intimement, inéluctablement, traversée par l’angoisse, la haine, le masochisme, voire la destructivité, mais aussi les capacités de changement et de transformation, d’ouverture à soi, à l’autre, au plaisir, à plus de souplesse et de liberté.
Tantôt par des développements conséquents, tantôt par des évocations incisives d’instants cliniques marquants, il démontre et questionne des moments de l’aventure individuelle, à deux, également institutionnelle, qu’est la psychanalyse. Grand lecteur des écrits d’autres psychanalystes, à commencer par l’œuvre inépuisable de Freud, mais aussi des travaux de philosophes et d’historiens, d’ethnologues, d’anthropologues et de sociologues, d’artistes aussi, s’opposant à l’idée…