C’est La femme couchée qui rêve de Giacometti qui nous accueille sur la couverture du troisième livre de Florence Guignard. Invités à nous étendre sur ce divan onduleux, une voix s’élève alors du fauteuil de l’analyste, juste derrière : Quelle psychanalyse pour le XXIesiècle ? décoche-t-elle. La question est ambitieuse, un peu angoissante aussi par l'ombre des changements catastrophiques qui s’y devinent, mais elle crée, d’emblée, une tension psychique échauffant la rêverie, cette capacité de rêverie dont la puissance conceptuelle sera mise à l’honneur dans le corps du livre. Une fois le contenant mis en place, les contenus s’y déploient et le sous-titre de l’ouvrage - Concepts psychanalytiques en mouvement - nous propulse dans les pas de L’homme qui marche, du même Giacometti. Dans quelles mesures l’homme qui marche saura-t-il rencontrer la femme qui rêve ? Voilà l'énigme conceptuelle, aux allures de scène primitive, qui soutient l’édifice de cet ouvrage captivant.
Mais laissons-là nos allégories de la relation contenant/contenu car ce ne serait pas faire honneur à l’auteure que d'évacuer - dans la métaphore - l’hypercomplexité de sa démarche, elle qui affronte avec érudition les apories théoriques qui se mettent en travers de sa route. Florence Guignard s’impose ici comme une grande chercheuse de la psychanalyse et son ouvrage, rédigé dans un style intuitif qui favorise l’assimilation de ses idées, est l'aboutissement d'une longue carrière de travail théorique et clinique.
Cette poussée constante, infatigable et irréductible qui fait se mouvoir l'homme qui marche est donc celle de la pulsion et Florence Guignard entend réévaluer ses potentialités métapsychologiques à la lumière des bouleversements qui guettent le psychanalyste du XXIe siècle. Bouleversements théoriques, d’abord, avec cette crise de la psychanalyse qui va pouvoir amener le psychanalyste à réexaminer ses fondamentaux théoriques ; bouleversements cliniques, ensuite, avec le défi qui…