Philippe Meirieu, professeur émérite des universités en sciences de l’éducation, est connu non seulement pour ses idées pédagogiques novatrices, mais également pour son courage politique. Je ne peux que vous recommander chaleureusement de lire son dernier ouvrage.
Avec son style clair et précis, avec ses formules qui font mouche, avec ses idées qui nous réconcilient avec une école de qualité, il nous propose une synthèse sur le concept de professeur qui rassemble à la fois ses thèses fondamentales sur l’éducation et les critiques que le système actuel pousse à formuler à propos des raisons de sa possible mort annoncée. Là encore, un effondrement programmé a eu lieu, comme dans la plupart des services publics de ce pays, organisé par un État devenu lâchement néolibéral et qui laisse des idéologies de bas étage se répandre comme la peste au sein de son vaste ministère. Philippe Meirieu résume d’un trait son point de vue : « Alors que les Lumières chargeaient le professeur d’apprendre à chacun et à chacune à penser par lui-même, que Ferdinand Buisson plaçait l’exigence de rigueur au cœur de toute éducation, que Jean Zay voulait faire de l’école un lieu exemplaire en matière de justice et que le plan Langevin-Wallon proposait d’en finir avec la séparation précoce des « manuels » et des « intellectuels », le consumérisme scolaire fait de la réussite individuelle « à l’économie » la clé de voûte de toute l’organisation scolaire. On prêche l’autonomie, on promeut la débrouillardise. On affiche les valeurs de la République – Liberté, Égalité, Fraternité – et on fait fonctionner une raffinerie scolaire où la capacité à tirer son épingle du jeu l’emporte sur tout le reste. »
Si le métier de professeur est devenu un sujet quotidien de contestation, c’est en partie…