La lecture de l’ouvrage d’Arminda Aberastury que je viens de découvrir est passionnante à maints égards. Son contenu, très riche, est presque en train de se construire sous nos yeux à partir de sa clinique et autour principalement des théories de Melanie Klein. Il se brode ainsi progressivement avec beaucoup de finesse. La traduction à partir de l’espagnol argentin d’Aviva Cohen et Mabel Guibert, nous semble extrêmement fidèle à la clarté du texte initial au plus près des nuances – et il y en a – suggérées par l’autrice. Enfin, nous ne pouvons qu’accepter de nous laisser prendre par la main pour ce voyage à Buenos Aires qu’Aberastury décrit à l’époque comme un véritable creuset pour l’intelligence et la créativité de tous ordres. D’ailleurs les descriptions cliniques que font tour à tour les analystes ici convoqués nous font pénétrer dans des ambiances familiales qui rappellent parfois le cadre de vie de notre Europe du milieu du siècle précédent.
Arminda Aberastury était une psychanalyste reconnue. Elle est née en 1910 dans l’Argentine des Lumières, donc des années cinquante. Atteinte d’une maladie dégénérative incurable, elle mit fin à ses jours en 1972. On la disait d’une intelligence, d’une force et d’une sensibilité exceptionnelles. Florence Guignard qui a assuré l’avant-propos du livre, parle du début de sa carrière comme d’un conte de fées. Sacrifions à l’idée d’en dire un mot.
C’est en passant dans la salle d’attente de la consultation de son mari Enrique Pichon Rivière, lui-même psychanalyste, qu’elle trouve une petite fille seule qui, sa mère étant en cure, attend. « Elle amorce une conversation avec elle la trouvant triste et angoissée » (p. 13). Ce fut, dit Florence Guignard, le début de la première thérapie d’enfant. La suite est…