Dans cet ouvrage Marie-José Soubieux et Isabelle Caillaud nous livrent avec une grande générosité les ficelles cliniques du groupe de parole de mères endeuillées qu’elles ont animé pendant quinze ans à l’Institut de Puériculture de Paris, Boulevard Brune.
Elles ont toutes deux cesser de l’animer - mais le groupe bien installé dans l’institution s’est poursuivi - et ont alors décidé d’en livrer le récit. Le replaçant logiquement dans une contextualisation historique, les auteures nous livrent d’abord des voies transgénérationnelles et culturelles de compréhension des processus bien particuliers de ce deuil. Ce cheminement les amènent alors à re-penser les pratiques cliniques qui en sont issues.
La perte d’un bébé du dedans ou tout juste né n’est semblable à aucune autre. Elle comporte en elle une multitude de « couches » qu’il faut entrevoir pour comprendre la complexité de ce que traversent les parents endeuillés. C’est ce qui conduit les auteures à proposer la métaphore du « millefeuille » pour nous en donner une représentation imagée. Elles déroulent au lecteurs la complexité de ce deuil en en détaillant les différentes étapes, illustrées par des extraits du discours des mères. Au travers d’éléments théoriques et cliniques, de façon à la fois synthétique et très éclairante, elles décrivent l’annonce de la catastrophe, la violence corporelle, les enjeux de la temporalité, les différents rituels hospitaliers et familiaux.
La seconde partie du livre nous plonge dans le groupe de parole des mères endeuillées. Tout d’abord sa raison d’exister : « l’oreille tendue des autres mères orphelines, la présence des thérapeutes professionnelles. Grâce à elles ma colère est légitime, mon chagrin est entendu, ma douleur comprise ». Le deuil prénatal donne lieu à des vécus massifs de honte (Shulz, 2016), ces derniers peuvent rendre…
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