Extrait du Chapitre 4, pages 50-61- du livre Troubles de la personnalité - 9782100598694 © 2013 Dunod, Malakoff, avec l’autorisation de Dunod Éditeur.
Troubles de la personnalité. Ni psychotiques, ni névrotiques, ni pervers, ni normaux... De Roland Coutanceau, Joanna Smith, AFTVS (Association Française de Thérapie des Violences Sexuelles) – Dunod - Lien vers le livre www.dunod.com
Tous ceux qui, en milieu carcéral, en unités sectorielles ou en pratique libérales, ont accepté d’affronter de tels enjeux thérapeutiques, ont ressenti un malaise devant le fossé qui sépare la théorie freudienne des perversions de toute la gamme des cas cliniques observés. Comme j’ai pris l’habitude de le dire, les « pervers de divan » ne sont pas « les pervers de prison ». Si l’on s’en tient à la définition freudienne de 1905, les sujets dont la recherche de satisfaction sexuelle obéit à « l’exclusivité et à la fixation » ne représentent qu’un faible contingent de tous ceux dont le fonctionnement mental pervers ou les conduites d’allure perverse sont au premier plan. Des formes mixtes névrotico-perverses, ce qui fera bondir ceux qui placent le dogme avant l’observation, aux raptus pervers (Chasseguet-Smirgel) de toutes sortes de personnalités (psychopathique, limite, narcissique, borderline, psychotique…), nous rencontrons des défenses perverses, des moments pervers, des mouvements pervers, des stations perverses à évolution aléatoire, bien plus fréquemment que des organisations stables. Après vingt-cinq ans d’expertises pénales, je crois même pouvoir avancer que les organisations stables, fixées, dans lesquelles la perversion est centrale, à l’exclusion de tous les autres registres cliniques, sont l’exception. On pourrait même pousser le paradoxe jusqu’à énoncer que la seule vraie contre-indication au suivi thérapeutique des délinquants sexuels est la perversion quand elle occupe tout le champ…
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