Si l’on admet que tout acte suicidaire nécessite d’abord une évaluation médicale de son auteur, la question de l’hospitalisation d’un jeune suicidant peut se poser à deux niveaux : au domicile, lorsque cette première évaluation est faite par un médecin généraliste qui doit décider d’orienter ou non l’adolescent vers un service d’urgence ; aux urgences de l’hôpital, lorsque l’adolescent y est admis et que se discutent les conditions de sortie, entre un simple retour à domicile assorti d’un rendez-vous de consultation ou un transfert direct vers une unité d’hospitalisation somatique ou psychiatrique.
Nous n’aborderons pas ici les cas où, dans l’une ou l’autre de ces situations, l’hospitalisation s’impose à l’évidence, compte tenu de la gravité physique de l’acte, des doutes quant aux produits absorbés, du poids des antécédents et/ou de l’altération manifeste de l’état mental du patient. Nous tenterons plutôt d’apprécier en quoi l’hospitalisation peut se révéler pertinente alors même que le passage à l’acte semble minime et que l’adolescent ne paraît pas souffrir de troubles mentaux patents.
Le premier aspect qui plaide en faveur de l’hospitalisation est le besoin de rupture qu’exprime en acte toute tentative de suicide. Qu’il veuille ou non consciemment mettre fin à ses jours, l’adolescent suicidaire agit une rupture pour cesser de souffrir, couper court avec des pensées obsédantes ou des représentations intolérables, trancher dans le vif des relations à autrui (de manière d’autant plus affirmée que celles-ci sont placées sous le signe de la dépendance), sommer les autres de le reconnaître dans sa différence et sa singularité. Sombrer dans un coma toxique et se couper les veines en constituent les expressions suicidaires les plus fréquentes, même si elles ne sont pas généralement les plus dramatiques, tandis que d’autres troubles des conduites…