Dans son article intitulé « L’agressivité et ses rapports avec le développement affectif1 », Donald Winnicott évoque le cas d’un enfant qui traverse une situation particulière. Bien qu’il possède déjà un certain degré d’organisation de la personnalité, il ne parvient pas à « traiter » l’expérience à laquelle il est confronté par le moyen de l’identification.
L’enfant dans une situation particulière
La situation à laquelle il doit faire face est la suivante : « ses parents se querellent devant lui à un moment où son esprit est entièrement préoccupé par un autre problème. » Pour Winnicott, « les parents en train de se quereller » forment une seule image, et cette image vit à l’intérieur de l’enfant. La réalité de ce conflit interparental percute la vie psychique de l’enfant et ne pourra être maîtrisée qu’au prix d’une certaine énergie psychique. Winnicott élabore autour de cette situation de débordement en dégageant deux issues possibles. Dans un premier processus, la lutte interne pour contrôler la querelle des parents met l’enfant à rude épreuve : il peut paraître fatigué, déprimé, voire malade. Lorsque ses capacités psychiques sont débordées, la mauvaise relation intériorisée s’emballe et l’enfant peut se comporter comme s’il était « possédé » par les parents en train de se quereller, il devient agressif, désagréable, voire halluciné.
Dans le deuxième processus, la lutte interne est débordante et conduit à un processus projectif : l’enfant fait naître périodiquement des querelles autour de lui, crache, donne des coups de pied… c’est l’éjection qui est mise en scène, et la mauvaise image est expulsée dans la réalité extérieure. On peut aussi observer des phénomènes délirants, ou hallucinatoires, avec des voix ou des personnes qui se querellent, mais aussi des projections somatiques : l’enfant localise le mal dans son…
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