Qui soigne-t-on quand on est psy ?
Éditorial

Qui soigne-t-on quand on est psy ?

Notre savoir s’est établi sur l’observation par nos aînés de la souffrance psychique individuelle. A cette époque, comme corollaire de la théorisation sur des observations de cas, on soignait uniquement des individus. Aujourd’hui la psychiatrie semble fascinée par la référence exclusive au modèle médical et le qualitatif est devenu quantitatif. On raisonne sur des « groupes homogènes de malades », on manie la statistique et la guérison est liée exclusivement à la disparition -momentanée- du symptôme. Qui soigne-t-on aujourd’hui? Le « colloque singulier » s’est dissout dans le « groupe homogène de malades » et l’on prétend partir du général pour comprendre et soulager le particulier, qui, étant unique, échappe à la comptabilité. En 1912, Georges Palante écrivait un livre intitulé « Les antinomies entre l’individu et la société ». Puissions-nous demeurer les soignants d’individus et gardons-nous de prétendre soigner la société.