La pédopsychiatrie se meurt. Cette branche de la médecine consacrée à la souffrance psychique des bébés, des enfants et des adolescents, va disparaître faute de moyens humains pour accueillir et traiter les enfants qui en ont un besoin de plus en plus pressant.
Des adolescents se suicident, des enfants vont mal sur le plan psychique, des parents sont débordés par la toute-puissance infantile, et face à ces tristes constats, quelles sont les réponses de nos dirigeants ? Un soutien aveugle à une idéologie scientiste qui prétend que seules les neurosciences peuvent répondre aux pathologies pédopsychiatriques, la mise au pas des équipes de pédopsychiatrie par les techniques du management, et l’organisation protocolisée des soins selon une logique médicale qui ne suffit pas aux souffrances psychiques d’origines multifactorielles. Cerise sur le gâteau, l’enseignement de la psychiatrie fait fi des psychothérapies.
Il ne s’agit pas pour moi de m’opposer à la recherche fondamentale entreprise par la génétique et les neurosciences en pédopsychiatrie, mais bien plutôt de l’articuler avec d’autres recherches aussi importantes à mener en philosophie, en éthique, en anthropologie, en psychologie, en psychopathologie, en histoire, en sociologie et autres sciences connexes. Les premières ont la réputation d’être des sciences dures, s’appuyant sur les données prouvées selon les méthodes reconnues par la communauté scientifique internationale (Evident Based Medicine). Soit. Mais les secondes, dites sciences humaines, doivent-elles être écartées des programmes de recherches et d’enseignement comme si elles ne comptaient plus pour rien dans les pratiques quotidiennes ? Ne va-t-on pas un peu vite en besogne en pariant sur les premières au détriment des secondes ? D’autant que si elles éclairent peu à peu le fonctionnement cérébral en général, elles ne sont, pour l’instant, et malgré des promesses messianiques dont les résultats…