Dans cet entretien Jean-Michel Hirt présente sa vision de la dimension spirituelle de la vie psychique dans la pratique analytique et aborde le statut du renoncement dans la pensée psychanalytique. Entretien avec Marie-Hélène Giannesini.
Carnet Psy — Pour aborder cet entretien, j’aimerais vous demander ce que l’on n’ose plus demander à un psychanalyste de renom, à savoir : quelle définition donnez-vous de votre discipline ?
Pour moi, la psychanalyse relève de mon expérience et de la jubilation qui l’accompagne. Une pratique à part de la parole et du langage qui implique une alliance conflictuelle entre une psychologie individuelle et une psychologie collective, entre une personne et la société qui est la sienne. Le mot « psychologie » ne doit pas faire illusion. La psychanalyse n’est pas une psychologie améliorée, augmentée. C’est une subversion et une nouvelle élaboration que la psychanalyse réussit à faire de ces deux formes de psychologie.
La psychanalyse est une histoire originale qui s’inscrit dans la relation entre deux personnes singulières. Il s’agit d’une rencontre appelée à devenir un transfert dont la dimension amoureuse n’est pas absente. Loin de n’être qu’un savoir — le « savoir psychanalytique », je n’y crois pas trop —, c’est une façon d’écouter et d’entendre d’après Freud, puisque la psychanalyse est fondée par et sur la parole de cet inventeur de génie : ça repose sur son discours à lui, sur sa vision de la réalité psychique et ses constructions théoriques. Nous ne sommes pas dans des conditions de laboratoire où l’expérience peut être reproduite à l’identique par un tiers. Non, nous sommes dans une aventure proprement unique qui tient à cet « entretien » à deux voix, afin de favoriser une ouverture chez la personne qui vient consulter, qui…