On sait que la naissance et l’enfance des héros donnent lieu à cent récits de prodiges et de phénomènes hautement significatifs qui laissent généralement présager de leurs fabuleux destins futurs. Mais il rode toujours également quelques mauvais génies ou de méchantes sorcières pour mêler certains couacs aux concerts de louanges. Les grands hommes n’échappent pas à ces témoignages ambigus et, parmi eux, Sigmund Freud n’a pas manqué d’avoir sa part de légendes et de plus ou moins ragoûtants commérages. Je garderai quelques-uns de ceux-ci pour la fin de mon récit, préférant rappeler en premier ce que les recherches historiques ont permis d’établir sur la naissance et la jeunesse d’un Freud dont j’ai, par ailleurs, déjà décrit l’adolescence dans Freud, fragments d’une histoire (Mijolla A. de, 2003).
Cette histoire est désormais connue de tous et je n’y apporterai aucun élément vraiment nouveau, me bornant à vous remettre en mémoire des récits que L’interprétation du rêve et les centaines de commentaires que les rêves de Freud ont suscités depuis la biographie d’Ernest Jones (Jones E., 1953-1957) ou, plus précisé ment encore, depuis l’incontournable travail de Didier Anzieu (Anzieu D., 1959). Je lui emprunterai beaucoup de détails mais je serai également redevable à celui qui a été son prédécesseur et son maître, Alexander Grinstein (Grinstein A., 1968, 1990), à Siegfried Bernfeld (Bernfeld S., 1946), qui a découvert l’origine autobiographique de l’article sur “le souvenir-écran”, au souvent perfide couple Gicklhorn (Gicklhorn R., 1969, 1976) comme à tous ceux qui, reprenant comme moi des données déjà recueillies y ont ajouté ces trouvailles personnelles qui font qu’on ne peut jamais se targuer de raconter “complètement” une histoire.
Naissance de Freud, donc, le 6 mai 1856 à Freiberg, petite ville de Moravie…
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