Maîtrise ou emprise ?
L’emprise et la maîtrise, deux termes quasi synonymes, mais qui méritent d’être distingués.
La maîtrise émerge pendant la période de latence. Les apprentissages scolaires, le goût pour le monde réel en opposition aux mondes imaginaires, l’accès au « sens commun » (Bion) construisent progressivement un sentiment de maîtrise du monde. Le moi s’organise de façon à accéder au monde du non-moi et à s’en assurer une compréhension et, in fine, un sentiment de maîtrise. Ce sentiment de maîtrise est en partie une illusion, mais c’est aussi le fruit de réelles acquisitions, notamment dans le domaine scolaire. Les bons élèves pensent que, partout premiers, ils continueront de l’être dans la vraie vie, mais beaucoup de choses échappent à la maîtrise et notamment l’amour !
C’est ainsi que j’ai reçu un adolescent très brillant, major de « Normal sup », qui voulait se suicider. Toujours premier à l’école, sautant des classes, il s’était imaginé que les jeunes filles allaient lui tomber dans les bras ! Terrible déception ! Il vit autour de lui les couples se former tandis qu’il restait seul. Il avait imaginé que sa réussite scolaire lui donnerait les clefs du monde et que rien ne pouvait lui faire obstacle. Il finit par admettre qu’il avait le temps, or c’est ce qui manque le plus à l’adolescence, ce qui le dissuada de se suicider. Je le revis deux ans plus tard il avait trouvé l’amour chez une jeune fille de sa promotion. Je lui avais fait comprendre que tous ces premiers couples qui se formaient autour de lui n’allaient sans doute pas tous durer et qu’il aurait une deuxième chance et c’est ainsi que les choses se sont passées.
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy
