Quand un adolescent effectue une TS, c’est presque toujours parce qu’il veut vivre... mais autrement, cherchant à se séparer d’une enfance ou à éteindre une excitation, l’une comme l’autre envahissante (D. Marcelli et E. Berthaut, 2001). Tous les auteurs s’accordent sur le fait qu’on ne peut pas décrire une organisation psychopathologique précise qui puisse être systématiquement rattachée à la TS, même s’il existe incontestablement des lignes de tension et des axes conflictuels communs aux diverses TS. Le poids respectif des deux dimensions prévalentes, la dimension dépressive, la dimension impulsive, explique la diversité des tableaux sémiologiques et psychopathologiques sous jacente à “l’acte suicidaire” lui-même : les adolescents qui commettent ce geste souffrent d’un trouble de gravité très variable et ne présentent pas nécessairement une pathologie mentale identifiable d’un point de vue nosographique. Cependant le geste suicidaire lui-même doit toujours être compris comme un geste grave qui nécessite une évaluation et qui appelle des aménagements aussi bien en termes de dynamique intra-psychique individuelle qu’en termes d’interactions familiales.
En effet, quelle que soit sa gravité apparente, le geste suicidaire fait toujours réagir les proches, les parents au premier chef. L’idée qu’un jeune adolescent ait voulu mettre fin à ses jours mobilise les affects, les émotions, les fantasmes et fantaisies de chacun. La TS est aussi un mode de communication qui s’inscrit nécessairement dans une dynamique interactive. Il est important de comprendre que la TS possède par elle-même une logique propre. Probablement parce que les remaniements individuels et familiaux qui succèdent à la TS sont de nature complexe, difficiles à classifier et à quantifier, faisant intervenir des paramètres très nombreux, peu d’auteurs en ont proposé une analyse et une synthèse. Pourtant l’expérience du clinicien lui montre régulièrement que ces réaménagements après la TS jouent un rôle…