Treize ans d’accompagnement d’adolescents et de jeunes adultes avec transidentité. Réflexions cliniques
Article
Dossier

Treize ans d’accompagnement d’adolescents et de jeunes adultes avec transidentité. Réflexions cliniques

Depuis treize ans, en tant que psychiatrie d’enfants et d’adolescents, j’ai reçu dans un espace de consultation de l’hôpital public dédié aux adolescents et jeunes adultes (d’abord à la Fondation Vallée à Gentilly, puis au Groupement hospitalier de Psychiatrie et Neurosciences de Paris) deux cents jeunes qui ont en commun de se vivre comme personne « trans ». Ils viennent de tous les milieux, de la banlieue parisienne ou du centre de Paris, des quartiers les plus défavorisés, aux plus favorisés. Certains sont de bons élèves, bien intégrés dans leur réseau amical, avec un lien de confiance avec leurs parents. Ils ne présentent pas de pathologies psychiatriques. D’autres présentent des troubles neurodéveloppementaux comme un trouble du spectre de l’autisme, ou parfois un trouble déficit de l’attention. Ils peuvent souffrir de troubles anxieux, avec des traits de phobies sociales et des épisodes de refus scolaires anxieux. Ils peuvent répondre aux critères de dépression et se montrer dans l’incapacité d’investir des projets. Certains présentent des troubles comportementaux, avec des consommations de toxiques, des scarifications du corps, une impossibilité à supporter la frustration. Ils peuvent avoir vécu des traumatismes, des épisodes de maltraitance, voire des agressions sexuelles. Mais ces personnes peuvent aussi avoir connu une enfance sans encombre et des relations familiales bonnes. Parfois, les dysfonctionnements familiaux sont majeurs avec une violence conjugale. En résumé, il n’existe aucun parcours de vie typique de la transidentité. Certains ont eu des interrogations identitaires précoces, dès l’enfance, alors que d’autres ont pris conscience de leur transidentité face au malaise suscité par les transformations pubertaires ; d’autres encore ne peuvent s’accepter qu’au cours de leur vie d’adulte. Si certains jeunes peuvent être en conflit avec leur corps biologique et montrent une impatience à le transformer, d’autres ont besoin d’être reconnus socialement sans avoir recours à une transition…

Déjà abonné ?

Mot de passe oublié

Les abonnements Carnet Psy

Accédez à tous les contenus Carnet Psy en illimité.
Découvrir nos formules
dossier
8 articles
Transitions de genre chez les personnes mineures