Dans la structure hospitalière où nous intervenons, en néphrologie, les personnes qui y sont soignées sont atteintes d’une maladie somatique lourde et chronique. L'insuffisance rénale est une maladie dont l’évolution est progressive et longtemps silencieuse. Elle apparaît lorsque le rein ne parvient plus à éliminer les déchets qui s’accumulent dans l'organisme ainsi que les liquides. Les traitements possibles sont une dialyse, un traitement de suppléance ou une greffe. La réalité somatique apparaît au premier plan. « […] Je peux entendre le bruit régulier de la machine qui me filtre telle une éponge. Je suis le cheminement de mon sang, de tout mon sang. Il me quitte, passe par le rein artificiel, puis revient, par le même orifice, dans mes veines, nettoyé, lessivé », raconte N. Rheims, écrivain, maintenant greffée et qui a été dialysée (2019, p. 77). Lorsque le corps est malmené, il est plus ou moins investi psychiquement, voire il se clive de la psyché.
En 2019, d’après le Rapport du Registre R.E.I.N. (p. 5), 91 875 personnes sont traitées pour une Maladie Rénale Chronique. Parmi ces patients, 55 % sont en dialyse (50 501 personnes - âge médian : 71 ans) et 45 % sont porteurs d’un greffon (41 374 personnes - âge médian : 58 ans)[1]. De nos jours, les enjeux en termes de santé publique sont majeurs en France, en Europe et dans le monde pour améliorer la prise en charge des personnes atteintes d’une maladie chronique. Leur nombre ne cesse d’augmenter avec l’ajout de 20 millions de personnes en 2019 (Chassang, 2019, p. 12). Le travail pluridisciplinaire est alors essentiel pour penser un parcours de soin où les soins psychiques ont toute leur place.
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