L’être humain évolue parallèlement dans deux espaces relationnels : la famille et la société. L’enfant est d’abord saisi dans l’espace des relations maternelles et du « cercle de famille » puis, peu à peu, un espace social se développe vis-à-vis d’adultes assurant un rôle parental délégué, et d’autres enfants que les frères et sœurs. Sa vie psychique se développe entre des « temps » familiaux et des temps sociaux, chacun apportant son lot d’expériences complémentaires.
Pendant des siècles, la famille a été la cellule de base du tissu social sous l’autorité de la puissance paternelle. Comme l’écrit Tocqueville (1840) : « [Le père] est l’auteur et le soutien de la famille, il en est aussi le magistrat (…) Il y est l’organe de la tradition, l’interprète de la coutume, l’arbitre des mœurs ». La Révolution a eu raison de ce système et le rôle institutionnel du père s’est effacé : il n’est plus « chef de famille ». La cellule familiale a vu décliner son rôle et son autonomie. Aujourd’hui « La famille cesse d’être ce qu’elle fut depuis toujours (…)un rouage de l’ordre social. Elle cesse de constituer une unité significative du point de vue de l’entretien et de l’établissement de l’ordre social », écrit Marcel Gauchet (1998). L’enfant n’est plus tant soumis à une autorité paternelle ou parentale qu’à des mesures administratives qui règlent ses conditions de vie. Une sorte d’hypernomie sociale s’est installée, une « instance parentale d’état », comme le propose Emmanuel Diet, ayant un devoir d’ingérence sur le fonctionnement des familles, exerce un pouvoir de plus en plus étroit sur les enfants.
Et, de l’intérieur, la famille a-t-elle encore une forme définie ? La fréquence des divorces multiplie les situations de garde alternées où un fonctionnement parental se maintient mais où la dynamique propre à…
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