Formation
Je suis arrivée en psychiatrie par le biais de l’antipsychiatrie, une licence de psychologie clinique en poche, à la fin des années 1979. C’était une période qui mettait en question les formes de l’autorité tant politique que sociale. Le chômage était à peine chiffré, l’exclusion et la marginalité interrogées. Les courants de pensée s’inspiraient de l’existentialisme sartrien et de ses émules anglo-saxons pour le courant anti psy, d’une réflexion sur la fermeture des HP en Italie avec le courant de Basaglia, de l’invention de la psychiatrie institutionnelle en France avec Roger Misès et Jean Oury. Et de bien d’autres mouvances. C’est dans ce bouillon de culture que j’ai démarré ma carrière. J’ai été recrutée par entretien pour suivre une formation de 3 ans d’élève infirmière psychiatrique à l’hôpital Sainte-Anne, l’ancien asile parisien, pas encore rebaptisé CHS.
Le diplôme d’état, le DE, pourra être obtenu par les infirmiers psy grâce à un enseignement, des formations complémentaires et une validation, à partir l’année 1992, à la demande des intéressés, au vu de la mise à niveau européenne qui va modifier les statuts et la formation ultérieure. En effet, il n’y aura plus désormais de spécificité psychiatrique.
Mon premier souvenir a été la découverte des électrochocs qui ne se pratiquaient presque plus. Une patiente, bien connue de l’unité est arrivée, hagarde, bavant et surtout mutique. Elle s’est remise à parler après sa 1ère sismothérapie, le lendemain. Je suis restée perplexe ! Pendant longtemps, j’ai reçu les confidences d’un vieux patient schizophrène qui relatait ses aventures avec son « Dudu », son « porte esprit » lequel commentait toute sa vie et empêchait « les ouvriers » à l’intérieur de son corps de le rajeunir trop vite. En effet,…
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