Le silence des psychanalystes face à #MeToo
Entretien

Le silence des psychanalystes face à #MeToo


À l’occasion de la parution de son ouvrage Le Scandale de la séduction. D’Œdipe à #MeToo (Puf), Isabelle Alfandary répond aux questions du Carnet Psy pour évoquer les ambiguïtés inhérentes à la notion de séduction. Intrinsèquement liée au scandale du sexuel – notamment celui de la sexualité infantile–, la séduction a toujours été, du temps de Freud, mais également de nos jours, une notion qui a mis au travail les psychanalystes. Alors, comment penser la séduction avec la psychanalyse à l’heure de #MeToo ?  

Propos recueillis par Kevin Hiridjee, directeur de publication.

Carnet psy : Le silence des psychanalystes sur #MeToo est un symptôme : telle est la thèse que vous présentez dès l’introduction de votre ouvrage. Que pensez-vous que les psychanalystes auraient dû ou pu « dire » au sujet de cette prise de parole des femmes ?

Isabelle Alfandary : Les psychanalystes sont restés, à quelques rares exceptions près, silencieux sur le sujet des violences sexuelles qu’ont dénoncées les femmes dans le mouvement #MeToo. Ce silence m’a étonnée et interpellée, car je m’attendais à de nombreuses prises de parole. La psychanalyse est pourtant née de l’écoute, par Freud, des effets traumatiques de telles violences. Il revenait à la mémoire de ses premières patientes des souvenirs d’attentats sexuels sur lesquels il a fondé sa première étiologie des névroses. Freud est certes historiquement revenu sur sa « neurotica » en 1897, mais l’affaire de la séduction et celle du trauma sexuel n’ont jamais cessé de hanter l’histoire de la psychanalyse freudienne, c’est-à-dire de faire retour jusqu’à son dernier texte, le Moïse (Freud, 1939). La libération de la parole des femmes, comme on l’appelle aujourd’hui, fait un écho lointain, mais singulier, à la situation qui a…

Déjà abonné ?

Mot de passe oublié

Les abonnements Carnet Psy

Accédez à tous les contenus Carnet Psy en illimité.
Découvrir nos formules
dossier
8 articles
Rire et sourire dans la clinique