Avec cet ouvrage nourri de ses travaux antérieurs, Jean-François Chiantaretto atteint une étape cardinale de sa recherche : un « petit » livre d’une extrême densité dans son écriture, ses arrière-plans historiques, ses références y compris hors champ psychanalytique, et ses ouvertures dont la dernière, sur l’intime, prendra la forme « d’un fil tissé d’incertitudes ». Car son objet est le malaise dans le champ de la psychanalyse, plus encore « à l’origine de la métapsychologie », celui de « l’infans dans l’adulte : l’expérience individuelle la plus commune de l’être en attente de la parole, peut-être aussi, la plus communément difficile à penser ». Comment en effet penser et faire advenir par la seule écriture et les mots « l’être infans », celui qui ne sait pas encore parler, mais ne saurait se réduire à un stade de développement, et demeurera toujours là chez l’adulte, mobilisé des deux côtés de « l’entre-deux » singulier de la cure ?
Pour situer ce malaise c’est d’abord le fil de l’écriture freudienne qu’il va reparcourir afin d’en dégager la spécificité : « l’écriture est indispensable à Freud pour penser, c’est-à-dire pour créer la psychanalyse ». Ainsi, en écrivant à Fliess, il « apprend à s’écrire […] dans une présence auto-observatrice à lui-même, qui noue l’expérience clinique et l’expérience du penser » ; mais avec Ferenczi émerge la problématique du trauma dans son rapport au recommencement de la métapsychologie là où elle avait fait défaut à Freud : « le registre de l’infans – pour lequel il n’y a pas encore de mot, chez Ferenczi comme chez Freud ». D’où le retour au premier alter, « étranger déclaré de l’auto-analyse », Breuer, puis à la construction dans et par l’écriture de l’étranger interne, le « témoin interne », en repassant par Fliess et l’abandon par Freud de l’hypothèse du « Nebenmensch, l’autre-à-côté ».
S’impose alors une reprise de la préhistoire de la métapsychologie,…
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