Dans son ouvrage Transitions, Serge Hefez revient sur les transitions de genre à l’adolescence et, plus largement, sur l’interrogation sur la différence des sexes qui traverse nos sociétés.
Carnet Psy : Vous consacrez une partie importante de votre dernier ouvrage aux atermoiements des adolescents pris dans des questionnements de genre. Pourquoi ces adolescents viennent-ils vous voir ?
Serge Hefez : Au départ, beaucoup d’entre eux viennent parce que voir un psychiatre fait partie d’un parcours. Pour avoir accès à un traitement hormonal ou un changement d’état civil, le diagnostic de « dysphorie de genre » leur est nécessaire. A partir de là, une rencontre a lieu et certains patients décident de poursuivre un questionnement qui va au-delà de la consultation obligatoire et qui peut donner lieu plus classiquement à une psychothérapie.
Les questionnements sur le genre sont multiples. Si certains sont dans une certitude transidentitaire du type « je suis un garçon enfermé dans un corps de fille, je demande à franchir la frontière fille/garçon et à me transformer radicalement » d’autres ont une perception plus fluide d’eux-mêmes : « je ne suis ni l’un ni l’autre » ou « je suis et l’un et l’autre » ou « je suis parfois l’un et parfois l’autre ».
Comme tous les patients, ils interrogent leur rapport au corps, à la sexualité, leurs relations affectives et amoureuses, leur histoire familiale…
Sommes-nous ici dans le domaine de la psychopathologie ?
Non. Le questionnement sur le genre ne fait pas partie de la psychopathologie. Ce questionnement nous est commun à tous. Il est universel. Cependant, nous sommes tous traversés par cette question-là beaucoup plus qu’auparavant. Comment j’habite ma masculinité, ma…