Lorsque l’angoisse prend forme
Lorsque l’angoisse prend forme elle devient peur, phobie, symptôme, douleur, idée obsédante… ; la liste pourrait être longue. L’angoisse de la névrose d’angoisse, dont elle est l’élément qui la définit, n’est pas tout à fait sans forme, un élément préconscient s’y attache, une forme préconsciente potentielle existe qui s’accroche de façon momentanée à n’importe quelle manifestation du domaine corporel ou du monde extérieur, sans avoir la polarisation précise d’une phobie. L’angoisse sans forme — Bion parlait d’angoisse sans nom — a perdu tout lien avec le registre des représentations, elle envahit le moi et s’accompagne d’un sentiment de désorganisation, de désespoir, d’égarement, de dépersonnalisation qui implique souvent des sensations corporelles plus ou moins précises ou diffuses, l’impression de ne pas se reconnaître, d’être défait… Cet état d’angoisse de dépersonnalisation, est le moment où le moi s’échappe à lui-même et va, s’il le peut, adopter tout investissement susceptible de former une sorte de pôle de réorganisation d’urgence.
Ce peut être, lorsque l’angoisse est terriblement intense, une réaction massive : un passage à l’acte, suicidaire par exemple ou violent contre quelqu’un, ou l’entrée dans une forme de délire ; si l’angoisse est moins intense ce sera l’investissement de sensations et de conduites corporelles ou de figures psychiques prégnantes.
En voici un exemple : je reçois de l’un de mes patients, à 11 heures du soir, un appel téléphonique ; cet homme est envahi d’une angoisse térébrante : oppressé, il respire avec peine, ne pouvant rien dire de cohérent, ne pouvant pas dire « je », ne pouvant rien faire d’autre que gémir son angoisse, il est défait. Nous convenons d’un rendez-vous dès le lendemain matin, à la première heure. Il arrive, accompagné d’une personne de son…
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