La sollicitation des responsables des différentes institutions cliniques, par nos collègues universitaires, à venir débattre autour des « premiers temps » et plus précisément autour de la place de la consultation aux débuts de la psychanalyse, ainsi que mon souci de respecter un peu scrupuleusement cette incitation stimulante m’ont conduite à essayer de tenir ensemble la présentation du Centre Victor Smirnoff avec ses spécificités, et ce double cadre des débuts de la psychanalyse et des débuts d’un traitement. Sans d’ailleurs oublier un autre début, celui de la formation d’un analyste.
Le début des cliniques psychanalytiques
C’est dans l’après Première Guerre mondiale que s’affirme l’intérêt pour la création de lieux de traitements possiblement gratuits, privés ou publics. L’ardent engagement de Freud exprimé dans son fameux discours du congrès de Budapest en septembre 1918 sera suivi par les réalisations tout aussi enthousiastes de ses élèves : la Policlinique de Berlin en 1920 (Eitingon et Simmel), l’Ambulatorium de Vienne en 1922 (Hitschmann), la clinique psychanalytique de Londres en 1926 (Jones) et celle de Budapest (Ferenczi et Balint) en 1931.
Bien sûr, le succès du traitement psychanalytique des névroses traumatiques de guerre n’est pas pour rien dans les soutiens qu’ont reçus les projets de création de ces établissements1. Mais avec le congrès de 1918, nous pouvons penser qu’ont été surtout déterminants l’élan de vie faisant suite à la boucherie de la Grande Guerre et l’élan social caractéristique de cette période. Le congrès regarde vers l’avenir plus que vers l’horreur du passé récent2. L’essor des mouvements social-démocrate et communiste participe par ailleurs à cette volonté d’émancipation, qui au combat contre l’aliénation psychique, ajoute l’exigence de justice et d’égalité. Freud y est sensible et s’exprime dans ce sens :…