Après avoir été rejeté pendant près de 50 ans par la communauté psychanalytique, S. Ferenczi a fait un retour en grâce remarqué, réhabilité comme un psychanalyste pionnier dans la pratique de la cure auprès de patients non névrotiques. Selon T. Bokanowski (2006), nous lui devons de notables avancées théoriques et cliniques, telles que l’importance de l’analyse de l’analyste comme seconde règle fondamentale de la praxis analytique, après celle de l’association libre ; le caractère essentiel du contre-transfert, cette écoute de soi en séance ouvrant sur les effets de la rencontre entre l’originaire du patient et les identifications primaires de l’analyste, notamment dans ses incidences régressives ; l’élasticité souple de la technique, dont le tact est une des caractéristiques, une relecture des effets de séduction traumatique dans la relation entre un adulte et un enfant, etc.
Dans la pratique de Ferenczi, l’idée de la fiabilité du psychanalyste suggère l’influence certaine, quoique jamais assumée, qu’il a pu avoir sur un auteur comme Winnicott ; elle suggère également une position maternelle qui n’est pas sans écho avec le conflit qui l’a opposé à S. Freud. Ce conflit s’inscrit notamment dans la continuité de liens passionnels teintés de transfert homosexuel entre Freud et son ami d’adolescence, E. Silberstein (Houssier, 2018), puis avec Fliess et Ferenczi ; pour Jones (1958), le lien avec Ferenczi était le plus important que Freud avait créé dans ses années tardives.
Nous avons repéré la résurgence d’un Œdipe pubertaire (Houssier, 2016) dans le transfert paternel entre Freud et Ferenczi ; nous en soulignons ici les aspects plus féminins maternels.
Traumatisme à l’adolescence : un père meurt
Relevons quelques fragments biographiques du côté de Ferenczi. Issu d’une famille nombreuse, Sándor est stimulé par l’atmosphère intellectuelle qui règne, ses parents étant des libres…
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