Introduction
Faut-il s’étonner de la désaffection que manifesta le père fondateur de la psychanalyse pour Le Mot d’esprit et sa relation à l’inconscient (Freud, 1905), son gros ouvrage sur le rire ? La réponse n’est pas simple, car en sus des « raisons » personnelles et de son insatisfaction, il faut reconnaître que cette irrépressible échappée hilarante qu’est le grand Secoueur¹ a toujours fait l’objet d’une réglementation stricte dans toutes les cultures, celles-ci en limitant rigoureusement les usages (Kamieniak, 2013). Aussi est-on en droit de s’interroger aujourd’hui sur son apparition et son éventuel maniement, voire son emploi, au sein même des thérapies qui sont issues ou se réclament de l’apport freudien.
Distinction freudienne des catégories du risible
Freud, dans son étude de 1905, repéra un moment préalable mais essentiel de l’analyse de la psyché, permettant d’appréhender les modalités relationnelles et processuelles des variétés du Comique. Il est regrettable qu’elles soient aujourd’hui rangées sous l’appellation générique et passablement confusionnante d’humour. Pourtant, resté insatisfait et, de plus perclus de douleurs, Freud reviendra en 1927 sur le plus « noble » de ces processus internes du comique qu’est l’humour, en rédigeant en cinq jours un court texte éponyme, témoignant de son intérêt incarné pour ce don rare et précieux dont il n’était manifestement pas dépourvu. Sans méconnaître leur fréquent métissage, Freud s’efforcera donc de différencier les catégories du Comique – comique proprement dit, esprit et humour – à la fois par le nombre de personnages requis pour leur réalisation, mais aussi par la nature des processus intrapsychiques et intersubjectifs sollicités. Ces variétés n’en ont cependant pas moins un « dénominateur » commun, constitué par la représentation idéalisée que le sujet se fait de l’enfance : « un âge où…
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