Introduction : un mode d’exercice en mutation
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Introduction : un mode d’exercice en mutation

En un an, le nombre de consultations de psychologie sur Doctolib a doublé. Une ruée dont se vante la plateforme : plus de 6 millions de recherches du mot-clé « psychologue » ! 100 % de croissance ! La presse s’emballe. Le magazine Challenges titre « La e-santé mentale, la fin des tabous ! ». Les investisseurs s’arrachent les pépites de la Psytech qui proposent des téléconsultations disponibles 7J/7, 24/24, en attendant le jour où les robots pourront remplacer les cliniciens… Comble de l’affaire : le burn-out frappe les psychologues non pas en raison du manque de moyens à l’hôpital, mais… de la surcharge de consultations en libéral ! Un collègue-médecin me soufflait d’ailleurs en frottant son index contre son pouce : « vous, les psys, vous vous plaignez, mais vous êtes les grands gagnants du COVID… ». Que répondre ?    

S’il est vrai que le paysage de l’exercice en libéral s’est transformé en profondeur ces dernières années, ce dossier prend à rebours le sensationnalisme et les clichés inexacts des médias et commentateurs. Les contributions présentées ici ont pour objectif d’approfondir la nature des changements de ce mode d’exercice, de les qualifier, d’en dessiner les contours sinueux et irréguliers. Les auteurs ne proposent pas une cartographie de leur situation. Ils ne se proclament pas « pour ou contre » la téléconsultation, « pour ou contre » l’installation après le diplôme, « pour ou contre » les institutions de psychanalyse. Chacun vous présente le chemin qu’il emprunte au quotidien pour aménager son cadre, repenser ses pratiques, se former et répondre à de nouvelles demandes. Le tout en gardant une pratique d’orientation psychanalytique. 

Trois idées sont à retenir de ce dossier. La première : l’exercice en libéral ne peut pas être solitaire. Au-delà des relais et des liens indispensables, les articles insistent sur la nécessité d’intégrer la présence d’un tiers. Tel s’orientera vers une activité en institution, tel autre vers une société de psychanalyse ou vers la lecture assidue de votre revue Carnet Psy… 

Le second point du dossier a trait à la formation. Oui, la formation est longue. Oui, elle peut être fastidieuse. Coûteuse aussi, en temps et en énergie. Mais elle demeure le pilier essentiel du clinicien qui exerce en ville. On ne s’autorise pas de soi-même sans avoir été formé au préalable, comme le rappelle François Richard. Le dossier s’interroge sur les « ingrédients » d’une formation suffisamment bonne pour exercer seul. 

Pour finir, une mise en garde assombrit le numéro. Elle concerne l’archipélisation des pratiques. Le méli-mélo des approches, la souplesse du cadre comme unique boussole nuisent à la qualité du soin et à l’approche psychanalytique que nous revendiquons. Jusqu’où peut-on être à la fois psychologue, sophrologue, thérapeute EMDR, naturopathe, le tout d’orientation analytique ? Le curseur ne dépend peut-être pas de chacun… 

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