Le BAPU Pascal reçoit des étudiants qui viennent chercher « une aide psychologique » ; ils sont reçus par des psychanalystes, et font l’expérience d’une écoute psychanalytique, sans en avoir nécessairement élaboré la demande spécifique. Ces jeunes adultes sont en souffrance, ils rencontrent des difficultés dans le cheminement du devenir adulte, dans la réalisation de leurs projets, tant sur le plan affectif que professionnel. Pour ces sujets, les remaniements psychiques de l’adolescence se révèlent fragiles, notamment du point de vue du processus de séparation des objets de l’enfance ; certains vivent encore chez leurs parents dont ils sont dépendants sur le plan matériel.
Le BAPU se situe à l’interface entre le domaine des études et celui du soin : comme son nom l’indique1, il fait partie des services accessibles du fait de l’inscription à l’université, institution qui, dans la suite de la scolarité, représente leur premier espace social en dehors de la famille. Bien souvent, dans un premier temps, les étudiants ne parlent pas de leur démarche de thérapie à leurs parents, ce que permet la prise en charge du soin par la sécurité sociale. Ils trouvent au BAPU des espaces différenciés qui peuvent les aider dans l’acquisition d’une autonomie, et ainsi soutenir leur visée d’indépendance et de dégagement des figures parentales : une assistante sociale pour les démarches permettant d’obtenir des allocations, et parfois un logement, une enseignante qui peut les aider dans leurs travaux d’écriture des « mémoires » universitaires, des consultations psychiatriques lorsque le thérapeute en perçoit l’indication.
Quelques fragments cliniques de la psychothérapie d’une patiente me permettront de mettre en évidence comment un espace analytique a pu se déployer dans ce travail en institution.