La parole perdue…
Éditorial

La parole perdue…

Cette fin de siècle sera, décidément, le triste témoin d’une psychiatrie de la quantification. D’échelles de comportements en scores de qualité de vie, d’algorythmes de traitement en systèmes experts de diagnostic, d’informatisation de la nosologie en arbres dichotomiques de décision, que sont les psychiques devenues ?

Les mots véhiculent le sens, le symbole et le mythe qui fondent l’être humain comme être de parole dans le monde du vivant. Chaque univers intérieur se construit, s’éprouve et s’exprime grâce aux mots pour le dire. C’est ainsi que de l’échange des subjectivités du soignant et du soigné peut se constituer l’alchimie de la guérison. Les patients ne s’y trompent pas qui réclament maintenant -au delà des soins techniques- le droit de parler et d’être écoutés comme ce fut récemment le cas lors des « États généraux du cancer ». Alors, en cette année 1999, psychiatres, mes frères, sachons, nous aussi, retrouver le chemin de la parole perdue.