La peur de guérir
Éditorial

La peur de guérir

Guérir en médecine est souvent ambivalent. On connait l’histoire de ce greffé de la main qui, après la réussite de l’opération… s’est fait retirer une main devenue superflue. C’est que l’accident comme la maladie remplissent une fonction, celle du manque : on peut en souffrir et s’en plaindre mais c’est lui qui permet de désirer.

Le symptôme psychique, lui, fabrique le manque là où il fait défaut. Cette entreprise littéralement masochiste répond à la mégalomanie d’une jouisance qu’elle vise à punir et explique la réaction thérapeutique négative ; guérir, dans ces conditions, est une gageure et un défi que relève la psychanalyse à la condition que ce ne soit un « but annexe » (Freud).

L’analyste ne saurait s’y dérober, car le désinvestissement d’un symptôme majeur, la prise de conscience d’une amorce de répétition, restent quoi qu’on en dise des critères indéniables de la validité de la théorie. C’est pourquoi, il doit parfois incarner, par la magie du transfert, la personne à laquelle le patient attribue la cause de sa souffrance. Reste à guérir le transfert, c’est-à-dire à l’analyser…