En géométrie, l’espace est l’ensemble des points dont la position est définie par trois coordonnées. Je me propose de montrer dans un parcours freudien que les trois coordonnées qui définissent l’espace de l’analyse en institution sont, plus qu’ailleurs, ceux de la résistance : résistance dans la psychanalyse, résistance de la psychanalyse, résistance à la psychanalyse. La résistance, c’est d’abord la résistance dans l’analyse, celle à l’œuvre dans la cure : « ce qui dans les actes et les paroles de l’analysant s’oppose à l’accès de celui-ci à son inconscient »1. Elle a progressivement été élaborée par Freud comme l’axe central du travail d’analyse, dans la pratique et la théorie de la pratique.
Évoquer la résistance de la psychanalyse, comme le souligne F. Gantheret, suggère « en première approche que ce sont des forces extérieures à elle-même qui pourraient la mettre en danger »2, forces auxquelles elle aurait à résister. C’est aujourd’hui plus que jamais une évidence et elle peut même s’illustrer par une actualité particulièrement violente comme en témoigne l’expérience du P.A.R.I.3 Dans un second temps, remarquons qu’une résistance de l’analyse est nécessaire au déroulement de la cure elle-même, à ce qu’il y ait opposition à son mouvement. « Il n’est de résistance du patient qu’à l’insistance de l’analyse, insistance à ce qu’on ne s’en tienne pas là, à ce qui s’immobilise dans le symptôme, et particulièrement dans la cure à cette modalité de symptôme qu’est le transfert »4. Cette résistance est de la responsabilité de l’analyste et repose sur ce que l’on nomme sa technique analytique. Enfin mentionnons « une résistance de l’analyse indispensable à sa survie, opposée à sa propre entropie »5. Plus elle progresse vers l’originaire, plus la résistance s’exacerbe. Or, « il n’est de résistance de l’analyse qu’à cette force d’inertie qu’elle rencontre. (…) L’analyse se ressource à…