Bien qu’en principe le placement d’un enfant hors de sa famille soit une mesure temporaire, il peut se prolonger durant de nombreuses années pour certains enfants. Si la stabilité du placement a été identifiée comme un objectif essentiel, un nombre conséquent d’enfants vivent des placements et des déplacements multiples. L’Aide Sociale à l’Enfance, à qui il incombe de construire un projet pour l’enfant, peine à leur trouver un environnement de vie stable et pérenne. De ce fait, la question de la continuité des parcours fait l’objet d’une attention accrue, tant dans le champ scientifique que dans celui de la politique de protection de l’enfance. La loi n° 2016-297 du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant puis la stratégie nationale de protection de l’enfance 2020-2022 insistent ainsi sur l’importance de « sécuriser les parcours des enfants protégés et de prévenir les ruptures ». L’une des actions proposées dans ce cadre porte notamment sur la mise en place d’un parcours de soins coordonnés pour chaque enfant. Ces préconisations rejoignent les recherches ayant en effet mis en évidence des résultats convergents concernant la prévalence des troubles mentaux chez les enfants placés1. De plus, l’attention particulière accordée à la stabilité des placements s’appuie sur une importante littérature ayant mis en évidence que les enfants vivant des placements multiples apparaissent plus vulnérables sur le plan émotionnel2, 3. Les comportements problématiques des enfants (colère, opposition, agressivité…) sont difficiles à gérer pour les professionnels qui les prennent en charge au quotidien et constituent une importante source de stress4, 5ce qui peut conduire à l’instabilité des placements. Si les problèmes de comportement ont fréquemment été associés à la multiplicité des lieux de placement6, selon Newton et collaborateurs7, ils devraient être appréhendés à la fois comme une cause des ruptures, mais également comme un effet de l’instabilité du…
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